TU VOIS COMMENT ?
Ces Suisses romand-e-s, comment ils/elles parlent ? Vous connaissez bien sûr de nombreux « helvétismes », mais savez-vous qu’il existe également des expressions idiomatiques utilisées uniquement en Romandie ? Dans l’ouvrage D’une pierre 4 coups, les expressions Ne pas se prendre pour la queue de la poire (‘être imbu de soi-même, être prétentieux’) et Y a pas l’feu au lac (‘rien ne presse, il n’y a pas d’urgence’) sont ainsi, comme on le découvre, des particularités helvétiques (cliquer ici pour lire ces extraits du livre). Et en exclusivité pour le site quadrilingues.ch, la linguiste neuchâteloise Marine Borel vous propose de (re)découvrir six autres expressions typiques de la Romandie ainsi que – clins d’œil de sa région d’origine – deux expressions utilisées uniquement dans le canton de Neuchâtel ! Les connaissiez-vous ? Dans tous les cas, vous n’aurez bientôt plus d’excuses pour ne pas les employer !
LE CLIN D’ŒIL DE NEUCHÂTEL
1. Faire un tour de Sagnard-e
Un-e Sagnard-e est un-e habitant-e de la Sagne, commune d’environ mille âmes situé dans les montagnes neuchâteloises. Et dans le canton de Neuchâtel, on dit que l’on a fait un tour de Sagnard-e quand on a fait un long détour, en général bien malgré soi, pour se rendre d’un point A à un point B. Par exemple : « À cause des travaux entre les Ponts-de-Martel et la Chaux-du-Milieu, j’ai dû fait un tour de Sagnard pour arriver à La Brévine ! » L’origine de cette expression n’est pas certaine, mais elle provient peut-être de la réputation des Sagnard-e-s d’être de bon-ne-s marcheurs/-euses et/ou du fait qu’avant la fusion des communes, la Sagne était la troisième plus grande commune du canton.
2. Faire Chaux-de-Fonds
Les Neuchâtelois-e-s « du Bas » utilisent parfois l’expression faire Chaux-de-Fonds pour dire qu’ils/elles vont rester à la table du repas pour prendre le café – au lieu d’aller le prendre au salon. Par exemple : « Si cela ne vous dérange pas, je vous propose de faire Chaux-de-Fonds aujourd’hui. » Cette expression, qui semble dater de la fin du XIXe siècle et qui trahit une certaine condescendance des Neuchâtelois-e-s à l’égard des Chaux-de-Fonniers/-ères, repose sur l’opposition entre deux pratiques différentes : alors que la « bonne société » bourgeoise du littoral quittait la salle à manger une fois le repas terminé pour aller prendre le café au salon, les habitant-e-s de la capitale horlogère avaient pour habitude de rester, en toute convivialité, à la table du repas pour y boire le café.
Références :
JELMINI Jean-Pierre (2020), Neuchâtel 1011-2011 : mille ans, mille questions, mille et une réponses, Hauterive, Attinger ; Neuchâtel, Ville de Neuchâtel.
REY Alain & CHANTREAU Sophie (2016 [1993]), Dictionnaire d’expressions et locutions, Paris, Dictionnaires Le Robert.
THIBAULT André (2012 [2004]), Dictionnaire suisse romand, Genève, Zoé.